Un dossier, passé à la loupe d’experts-paysagistes, qui révèle des zones d’ombres inquiétantes
La difficulté de ce type d’étude est d’évaluer différentes perspectives sur le paysage : prise en compte de différents points de vue, selon différents belvédères, à différentes hauteurs, avec une évolution de la végétation... Il faut ainsi être vigilant et précis dans l’analyse. C’est pourquoi nous avons été accompagnés pour cette analyse-expertise par JDM Paysages à Dijon, rompu à cet exercice pour avoir déjà travaillé sur des sites UNESCO comme celui des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne ou encore celui de la Chapelle Notre-Dame-Du-Haut de Le Corbusier à Ronchamp dans les Vosges. Nous avons ainsi relevé plusieurs points d’attention ou manquements de l’opérateur.
Une méthodologie contestable
La méthodologie adoptée par l’étude de la société RES est en certains points incomplète et parfois arbitraire. Des impacts paysagers sont sous-estimésvoire non étudiés pour certains. Par exemple, pour le projet « Chaume des communes », une visibilité d’un tiers des pales d’une éolienne est considérée comme ayant un impact nul et n’est donc pas pris en compte dans l’étude. Les points de vue depuis les chemins de randonnées, notamment les GR, n’ont pas été étudiés… pas plus que la pollution lumineuse nocturne générée par les éoliennes.
Nous déplorons également que les cartes proposées ne matérialisent ni la zone inscrite au Patrimoine mondial, ni la zone dite « tampon », qui est pourtant une zone de protection paysagère liée à l’inscription et reconnue en tant que telle par la loi française LCAP. Ceci ne facilite donc pas l’analyse et n’est pas conforme au « Guide relatif à l’élaboration des études d’impacts des projets de parc éoliens terrestres » publié par le Ministère de la transition écologique.
A ces points s’ajoute une absence totale de concertation. Contrairement à ce qui a été dit, à aucun moment la société RES n’a consulté l’Association des Climats, pourtant coordonnateur de la gestion du site.
Des paysages majeurs menacés
L’implantation de ce type d’équipement doit prendre en compte les éléments de patrimoine que sont les monuments historiques, mais aussi les paysages des sites classés ou des sites Patrimoine mondial. Nous constatons malheureusement que le projet d’implantation des 18 éoliennes sera visible depuis le site inscrit. Depuis des villages emblématiques de la Côte (Saint-Romain, Santenay, Pommard, Auxey-Duresses, Meursault, Pernand-Vergelesses, Ladoix-Serrigny, Bouze-lès-Beaune, Beaune), mais également depuis des chemins de randonnées ou des villages des Hautes Côtes comme Reulle-Vergy ou Villers-la-Faye et Vauchignon.