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L'association alerte sur 2 projets d'implantation d'éoliennes

L’Association des Climats du vignoble de Bourgogne a alerté les services de l’Etat concernant les atteintes portées par les projets d’implantation, par la société RES, de 18 éoliennes de 180 mètres de haut sur et autour du site inscrit au Patrimoine mondial et de sa zone de préservation paysagère appelée zone tampon. Ces projets, situés pour l’un sur les hauteurs des communes de Saint-Jean-de-Bœuf et d’Anteuil (appelé « Grands Communaux ») et, pour l’autre, entre Ivry-en-Montagne et Saint-Romain (intitulé « Chaume des communes »), menacent l’authenticité des paysages du site inscrit au Patrimoine mondial, en rendant visible ces éoliennes depuis le site inscrit. Un impact que le Comité du patrimoine mondial pourrait aussi voir d’un mauvais œil…


"Notre alerte porte sur l’impact paysager d’un tel dispositif d’éoliennes sur un site inscrit au Patrimoine mondial par l’UNESCO. Avec l’inscription, l’Etat se porte garant de la préservation de l’intégrité et de l’authenticité du site inscrit qui, rappelons-le, l’est au titre des « paysages culturels ». L’étude des dossiers déposés par le promoteur révèle qu’à ce jour, ces projets feraient peser de graves menaces sur certains paysages et lieux emblématiques, comme le cirque du bout du monde près de Saint-Romain, le panorama de la montagne des 3 Croix à Santenay, la butte de Corton, ou encore des vues depuis des villages comme Pommard, Auxey-Duresses, Meursault ou encore Beaune. Cela n’est évidemment pas acceptable. C’est notre mission, en tant qu’organisme chargé de veiller à la préservation et à la transmission de ce patrimoine à la valeur universelle inestimable, de signaler aux services de l’Etat et à la population l’existence de ces risques. Nous espérons bien que les services de l’Etat n’accepteront pas ces projets en l’état et nous resterons bien entendu vigilants. » GILLES DE LAROUZIERE,
PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES CLIMATS DU VIGNOBLE DE BOURGOGNE


Un dossier, passé à la loupe d’experts-paysagistes, qui révèle des zones d’ombres inquiétantes

La difficulté de ce type d’étude est d’évaluer différentes perspectives sur le paysage : prise en compte de différents points de vue, selon différents belvédères, à différentes hauteurs, avec une évolution de la végétation... Il faut ainsi être vigilant et précis dans l’analyse. C’est pourquoi nous avons été accompagnés pour cette analyse-expertise par JDM Paysages à Dijon, rompu à cet exercice pour avoir déjà travaillé sur des sites UNESCO comme celui des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne ou encore celui de la Chapelle Notre-Dame-Du-Haut de Le Corbusier à Ronchamp dans les Vosges. Nous avons ainsi relevé plusieurs points d’attention ou manquements de l’opérateur.

 


Une méthodologie contestable

La méthodologie adoptée par l’étude de la société RES est en certains points incomplète et parfois arbitraire. Des impacts paysagers sont sous-estimésvoire non étudiés pour certains. Par exemple, pour le projet « Chaume des communes », une visibilité d’un tiers des pales d’une éolienne est considérée comme ayant un impact nul et n’est donc pas pris en compte dans l’étude. Les points de vue depuis les chemins de randonnées, notamment les GR, n’ont pas été étudiés… pas plus que la pollution lumineuse nocturne générée par les éoliennes.

Nous déplorons également que les cartes proposées ne matérialisent ni la zone inscrite au Patrimoine mondial, ni la zone dite « tampon », qui est pourtant une zone de protection paysagère liée à l’inscription et reconnue en tant que telle par la loi française LCAP. Ceci ne facilite donc pas l’analyse et n’est pas conforme au « Guide relatif à l’élaboration des études d’impacts des projets de parc éoliens terrestres » publié par le Ministère de la transition écologique.

A ces points s’ajoute une absence totale de concertation. Contrairement à ce qui a été dit, à aucun moment la société RES n’a consulté l’Association des Climats, pourtant coordonnateur de la gestion du site.

 


Des paysages majeurs menacés

L’implantation de ce type d’équipement doit prendre en compte les éléments de patrimoine que sont les monuments historiques, mais aussi les paysages des sites classés ou des sites Patrimoine mondial. Nous constatons malheureusement que le projet d’implantation des 18 éoliennes sera visible depuis le site inscrit. Depuis des villages emblématiques de la Côte (Saint-Romain, Santenay, Pommard, Auxey-Duresses, Meursault, Pernand-Vergelesses, Ladoix-Serrigny, Bouze-lès-Beaune, Beaune), mais également depuis des chemins de randonnées ou des villages des Hautes Côtes comme Reulle-Vergy ou Villers-la-Faye et Vauchignon. 

« Pour comprendre le danger de ce projet il faut comprendre le paysage des Climats et ses clés de lecture. » Explique Bertrand Gauvrit, directeur de l’Association et écologue de formation. « Il y a bien sûr en plan rapproché, ce fantastique paysage en mosaïque, sculpté par le relief, le petit patrimoine, la végétation et le parcellaire des vignes. En prenant un peu plus de recul, il y a aussi une lecture « en strate » du grand paysage, qui fait aussi l’objet de l’inscription. De bas en haut, il se compose de la plaine agricole et de son tissu d’entreprises, de villages nichés dans le coteau ou en entrée de combe, d’une mosaïque de vignes et, en hauteur, les zones boisées ou les pelouses calcaires. La visibilité d’éoliennes, même partielle, va bouleverser ce paysage pittoresque. A cela s’ajoute une potentielle pollution lumineuse nocturne qui n’a pas été évaluée dans l’étude de la société RES. »   


Des éoliennes qui impacteraient aussi indirectement la future Cité des vins et des Climats de Bourgogne à Beaune

 Le contenu de la future Cité beaunoise s’appuie en grande partie sur l’inscription des Climats au Patrimoine mondial. L’architecte a d’ailleurs intégré dans son projet un point de vue à 21 mètres de haut, pour que les visiteurs puissent apprécier ce paysage typique de la Côte. Si éoliennes il y a, elles seront visibles depuis la Cité, cela parait évident.